http://qc.news.yahoo.com/s/capress/090421/nationales/20090421_bloc_registre_armes_2
mardi 21 avr, 17 h 57
Par Karine Fortin
OTTAWA - La Projection Du Film "Polytechnique" Sur La Colline parlementaire mardi soir ne fera vraisemblablement pas changer beaucoup de députés d'idée au sujet du registre des armes à feu. A quelques heures de l'événement, mardi, les partis semblaient en effet campés sur leurs position.
En dépit des critiques des partis d'opposition et des corps policiers, les conservateurs continuent en effet à prôner le démantèlement du registre des armes d'épaule, qui répertorie entre autres les fusils de chasse.
Le ministre de la Sécurité publique, Peter Van Loan, a d'ailleurs répété en Chambre que l'intention du gouvernement conservateur était de se débarrasser de cette base de donnée qui n'a eu "aucun bienfaits en matière d'application de la loi".
"Nous avons choisi une approche différente, qui prévoit des peines minimales obligatoires pour les crimes commis avec des armes à feu, plus de ressources pour la police, et plus de policiers dans les rues", a-t-il martelé à la période des questions.
M. Van Loan a confirmé qu'il n'assisterait pas à la projection, qui débutera à 19h30 dans un bâtiment historique et où seront présents le chef du Bloc québécois, celui du Nouveau Parti démocratique ainsi que la mère de l'une des 14 étudiantes en génie assassinées le 6 décembre 1989 par Marc Lépine.
Certains députés conservateurs du Québec, dont Maxime Bernier (Beauce) et Steven Blaney (Lévis-Bellechasse) devraient cependant y être.
Ce dernier a toutefois expliqué qu'il y irait pour voir une "belle production québécoise" et non pas pour poursuivre sa réflexion sur les armes. "Je pense qu'il faut faire la part des choses entre un film qui reconstitue une tragédie et un débat en Chambre", a-t-il insisté.
Ce n'est pas l'avis du Bloc, qui espère que le film de Denis Villeneuve, qui raconte la tragédie, fera réaliser aux députés et sénateurs les raisons d'être du registre des armes à feu, qu'ils considèrent comme essentiel en dépit de ses défauts et du coût faramineux de sa conception.
Pour que le registre demeure utile et pertinent, le parti de Gilles Duceppe demande d'ailleurs la fin de l'amnistie dont jouissent ceux qui n'enregistrent pas leurs armes de chasse depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs de Stephen Harper, en janvier 2006.
Les bloquistes ont consacré la journée de mardi à débattre de cette question, à prime abord technique, mais que les défenseurs du registre trouvent cruciale.
D'après le porte-parole du Bloc en matière de sécurité publique, Serge Ménard, en n'obligeant pas les propriétaires d'armes à s'enregistrer, le gouvernement rend le registre de moins en moins fiable, sans doute dans l'espoir que les policiers, qui en sont les premiers usagers, cessent de le défendre.
Jusqu'à maintenant, cette stratégie semble toutefois avoir échoué. Le directeur de l'Association canadienne des policiers, Michel Roth, a en effet assuré mardi que son organisme n'était pas sur le point de changer d'avis sur la nécessité du registre.
Il a expliqué que ses membres consultaient la base de données avant de décider comment intervenir en cas d'urgence. A son avis, cette pratique a probablement sauvé des vies.
"Non seulement la vie de policiers, mais probablement la vie d'honnêtes citoyens également qui pourraient être pris dans un feu croisé lors d'une intervention dans une maison. Ces gens-là seraient aussi inutilement exposés si on n'intervenait pas de la bonne façon", a souligné M. Roth.
Le débat sur le contrôle des armes à feu devrait bientôt se transporter au Sénat, où le gouvernement a choisi de déposer son projet de loi sur le registre des armes d'épaule. Même s'il risque de faire couler beaucoup d'encre, le texte a bien peu de chances d'être adopté puisque les libéraux, qui sont majoritaires à la Chambre haute, ont déjà indiqué qu'ils s'y opposaient.